07/11/2025 ssofidelis.substack.com  5min #295667

Donald Trump, futur monarque des États-Unis ?

Illustration © SCF

Par  George Samuelson, le 4 novembre 2025

Trump détient déjà des pouvoirs bien plus étendus qu'en 2020.

Alors que les États-Unis se préparent à fêter leur 250è anniversaire en 2026 et aux élections présidentielles de 2028, une grande question se pose : Trump va-t-il renverser la démocratie et rester à la Maison Blanche pour un troisième mandat ? Le président le nie, mais cela ne signifie pas grand-chose venant d'un dirigeant connu pour ses sautes d'humeur..

En mars, Trump n'a pas exclu la possibilité de briguer un troisième mandat présidentiel, ce qu'interdit le 22è Amendement de la Constitution américaine, déclarant dans une  interview exclusive accordée à NBC News qu'il existe des moyens d'y parvenir, précisant qu'il "ne plaisante pas".

"Beaucoup de gens le veulent", a déclaré Trump, faisant référence à ses alliés. "Mais, en gros, je leur réponds que nous avons encore un long chemin à parcourir, nous n'en sommes encore qu'au début du mandat".

Toujours en mars, l'ancien stratège en chef de la Maison Blanche, Steve Bannon, a déclaré être "fermement convaincu que le président Trump se présentera et remportera à nouveau les élections en 2028", ajoutant que lui-même et d'autres travaillent aux façons d'y parvenir. Bannon a déclaré à The Economist :

"Trump sera président en 2028, les gens doivent simplement s'y faire", ajoutant : "Le moment venu, nous dévoilerons notre plan. Mais il y a un plan".

Dire que Trump est vaniteux serait l'euphémisme du siècle. Sa soif de louanges est insatiable - il est même pratiquement entré en guerre avec la Norvège pour tenter de décrocher le prix Nobel de la paix. L'ego et la vanité de cet homme sont sans bornes, et la perspective d'un troisième mandat serait la cerise sur le gâteau. Va-t-il prouver à ses détracteurs, qui affirment qu'il méprise totalement la Constitution et la démocratie, qu'ils ont tort, ou va-t-il quitter le pouvoir sans faire de vagues en 2028 ?

Telle est la question, et pour y répondre, revenons sur les événements du 6 janvier 2021, lorsque des milliers de sympathisants se sont rassemblés à Washington, D.C., pour empêcher une session du Congrès de comptabiliser les votes du Collège électoral et ainsi officialiser la victoire du président élu, Joe Biden.

"Nous n'abandonnerons jamais", avait alors déclaré Trump à la foule. "Nous ne lâcherons rien, cela n'arrivera pas. On ne renonce pas quand il y a fraude. Notre pays en a assez. Nous ne l'accepterons plus, c'est de ça qu'il s'agit. Pour reprendre vos propres termes, nous allons mettre fin à la fraude".

Lors de l'"incitation à l'insurrection" de Trump, des milliers de ses sympathisants se sont rendus au Capitole, où ils ont pris d'assaut le complexe, détruit des biens et s'en sont pris à la police. Ils ont également scandé " Qu'on pende Mike Pence !", en référence au vice-président de Trump qui a refusé de bloquer la certification des résultats du collège électoral. Le coût estimé de ces émeutes s'élève à environ 3 millions de dollars et cinq personnes ont perdu la vie. En d'autres termes, si Trump décide de refuser un transfert pacifique du pouvoir, il n'a qu'à lever le petit doigt pour bénéficier du soutien d'une grande partie de la population.

Quelle a été l'une des premières mesures prises par Trump après avoir prêté serment ? Il a gracié ou commué les peines de toutes les personnes condamnées pour leur participation aux manifestations du 6 janvier. Il s'en est ensuite pris au système judiciaire américain, licenciant sommairement des dizaines de fonctionnaires qui ont tenté de le tenir pour responsable de l'attaque du Capitole. Ces fonctionnaires ont été remplacés par des courtisans, de simples larbins qui se feront un plaisir d'obéir aux ordres du président.

Dans l'état actuel des choses, Trump dispose de pouvoirs bien plus étendus qu'en 2020. Avec un vice-président à sa botte pour présider la session conjointe du Congrès, il est en mesure de parer à toute éventualité, notamment si la question d'un troisième mandat à la Maison Blanche venait à resurgir. La Cour suprême a quant à elle ouvert la voie à un troisième mandat de Trump, comme pour son mandat actuel, en lui accordant

"l'immunité absolue contre toute poursuite pénale pour les crime susceptibles d'être commis en violation de la Constitution ou des lois des États-Unis",  écrit J. Michael Luttig dans The Atlantic.

Le plus inquiétant est peut-être la rapidité avec laquelle Trump a militarisé les villes et les États à travers le pays pour expulser des millions d'immigrants illégaux. Tout cela pourrait n'être qu'une répétition générale en vue d'une véritable guerre de rue si Trump prenait la décision historique de rester au pouvoir.

Pour conclure, souvenons-nous des propos de Thomas Paine, l'un des grands pères fondateurs, qui écrivait :

"Car de même que dans les gouvernements absolus le roi est la loi, de même dans les pays libres la loi doit être le roi ; et il ne doit pas y en avoir d'autre".

Reste à savoir si Trump tiendra compte de ce judicieux conseil intemporel.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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